Une réalité contre-intuitive

Le harcèlement psychologique et les conflits en milieu de travail sont plus que jamais des sujets d’actualité dans le cadre de la pandémie de la COVID-19. Même si nombre d’employés se retrouvent désormais à travailler depuis leur domicile, le harcèlement et les conflits au travail n’en restent pas moins bien présents. En effet, le nouveau cadre de travail imposé par les mesures de distanciation physique induit, entre autres, la perturbation des dynamiques de communication et du sentiment d’appartenance à l’entreprise. Ce nouvel environnement peut donner lieu à des actes, à des gestes et à des échanges relevant du conflit ou du harcèlement psychologique.

Augmentation importante du nombre de plaintes déposées

En trois ans seulement, le nombre de plaintes déposées auprès des Normes du travail a bondi de 22 %, passant de 3 617 en 2016 à 4 415 en 2019 [1]. La CNESST a également enregistré près de quatre fois plus de demandes d’indemnisation en lien avec le harcèlement en milieu de travail pour cette même période, passant de 386 en 2016 à 1 311 en 2019. [2]

Les récents changements à la législation encadrant le milieu de travail ne sont pas étrangers à cette augmentation notoire. Depuis le 12 juin 2018, la Loi sur les normes du travail [3] inclut le harcèlement psychologique et sexuel à la définition du harcèlement psychologique. De plus, les employeurs doivent désormais s’assurer d’avoir en place une politique claire de prévention du harcèlement en milieu de travail, et ce, depuis le 1er janvier 2019. Rappelons également que le gouvernement a financé divers programmes de sensibilisation pour contrer le harcèlement psychologique et sexuel au travail. Enfin, les employés ont maintenant deux ans, plutôt que 90 jours, pour déposer une plainte à la CNESST.

Quand le harcèlement déferle la chronique

Rares sont les employeurs qui n’ont pas eu connaissance des allégations de harcèlement au sein d’Ubisoft[4], lesquelles ont notamment été alimentées par les révélations de certains de ses employés sur les réseaux sociaux. Cette société n’est évidemment pas la seule à être touchée; au Québec, d’autres cas importants ont également fait la manchette, dont Marie-Pierre Morin, Éric Salvail et Gilbert Rozon. On peut souhaiter que la médiatisation de ces cas allégués ait pour effet de rappeler aux entreprises leur obligation d’avoir en place les ressources, outils et structures organisationnelles permettant d’accorder à leurs employés, dans le respect de la loi, « le droit à un environnement professionnel qui assure la sauvegarde de leur dignité physique et psychologique. »

Prévenir plutôt que guérir

Les répercussions sur les employeurs des plaintes déposées pour des actes relevant du harcèlement psychologique peuvent être importantes : enquêtes coûteuses, poursuites judiciaires, amendes lourdes, perte de productivité, augmentation du taux de roulement des employés, sans compter les innombrables conséquences sur la santé physique et mentale des employés touchés et leur entourage.

Les experts des ressources humaines, particulièrement ceux spécialisés dans la prévention et le règlement des différends (PRD), notent souvent que la plupart des employeurs adoptent une approche réactive. Pourtant, de nombreuses approches, ressources et méthodes s’offrent aux employeurs, qu’ils soient déjà aux prises avec des situations de harcèlement ou qu’ils souhaitent les prévenir. Les interventions dans ce domaine peuvent inclure, entre autres, de dresser le portrait de la situation, mais aussi d’assurer des activités de formation, de coaching, d’accompagnement, de facilitation, de médiation, de démarches participatives et de démarches d’amélioration du climat de travail.

À la lumière des derniers changements à la loi et des répercussions défavorables des situations de harcèlement, l’adoption d’une approche préventive sera toujours au bénéfice de tous, employeurs comme employés. Contactez nos experts médiateurs et enquêteurs pour en apprendre plus sur les modes de PRD qui s’offrent à vous.

[1] https://www.cnesst.gouv.qc.ca/salle-de-presse/campagnes/normes/Pages/campagne-normes.aspx

[2] https://www.lapresse.ca/affaires/2020-08-13/plus-de-4400-denonciations-de-harcelement-au-travail-l-an-dernier.php

[3] https://www.cnesst.gouv.qc.ca/salle-de-presse/campagnes/normes/Pages/campagne-normes.aspx

[4] https://www.lapresse.ca/affaires/2020-07-03/allegations-de-harcelement-chez-ubisoft-un-probleme-aux-ressources-humaines.php

Published On: 25 novembre 2020

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